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Elucubrations publiques
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12 juin 2007

la morale et le possible

La morale et le possible.

Depuis 20 ans, notre paysage politique est défini par un clivage artificiel sur la morale et le possible.

On vit comme si l'extrême gauche représentait la morale et le bien alors que l'extrême droite représenterait le mal absolu. Et de fait ce sont les extrêmes qui ont défini les règles de la morale officielle, que ce soit positivement ou négativement. Tout ce qu'avance Lepen est forcément le mal absolu et ne mérite même pas débat, et de l'autre coté la l'extrême-gauche décrète telle mesure juste ou injuste, morale ou immorale, donne des bons ou des mauvais points aux hommes politiques.

En parallèle de cette gradation entre bien et mal allant de gauche à droite, se trouve une gradation du possible à l'impossible allant de droite à gauche. Le Front National représentant le mal absolu possible (Hitler l'a bien montré), alors que la LCR ou LO représentent le bien absolu mais impossible (Staline l'a bien montré).

Entre les deux nous trouvions les partis de gouvernements prônant des choses plus ou moins morales et plus ou moins possible. La tendance naturelle du PS était donc de s'excuser de ne pas pouvoir Mitterand: « on a tout essayer » (pour le chômage), Rocard « la France ne peut accueillir toute la misère du monde », Jospin « l'état ne peut pas tout », à force de ne plus pouvoir elle finissait par ne plus vouloir. La droite, elle tendait à avoir honte d'elle-même, de ne pas être à gauche, Chirac « la fracture sociale » et à force d'avoir honte d'elle-même de ne plus vouloir être ce qu'elle était, elle a fini par ne plus pouvoir non plus, car reculant face à la rue qui lui renvoyait son immoralité supposée à la figure.

Tout cela nous a amené au 21 avril 2002, ou entre un gauche qui ne veut plus, et une droite qui ne peut plus les gens n'ont plus vu la différence, pour chercher des extrêmes qui veulent ou qui peuvent.

Cette ordre des choses à sclérosé la politique. Les extrêmes étant figés, aucune réflexion sur la société n'était possible. Toute idée nouvelle était irrémédiablement jugé par l'extrême gauche, à laquelle on se contentait de renvoyer le possible, le pragmatisme.

Mais les choses ont changé à droite surtout, qui décomplexée, a retrouvé sa capacité à faire. On pourrait alors croire que la gauche n'a qu'a faire exactement la même chose et retrouver la volonté de faire en se repliant à gauche. Ce serait, négliger un autre phénomène. Une droite décomplexée n'est pas une droite qui se dit « on est des méchants et on l'assume », c'est une droite qu'elle aussi peut affirmer ce qui est juste ou injuste. La droite à refusé que les extrêmes décident de ce qui est moral ou de ce qui ne l'est pas. Elle a même osé dire qu'elle proposait une société plus morale que la gauche.

Prenons un exemple, quand la droite veut diminuer les revenus de l'assistanat, elle peut le faire parce qu'elle pense qu'il faut le faire, mais en s'excusant du recul social, ou dire qu'au contraire, l'assistanat est aliénant, que la justice sociale c'est que celui qui travaille gagne plus que celui qui ne travaille pas.

Où se trouve la gauche? Quelque part en chemin. Quand Ségolène Royale parlait des effets pervers des 35h, de la nécessité d'ordre et de répression de la délinquance, elle faisait le début du chemin pour casser l'ordre moral établi et défini par les extrêmes. Elle prend en main le droit de redéfinir la morale telle qu'elle l'entend. Elle l'a continué d'ailleurs pendant la campagne avec l'épisode des drapeaux et de la marseillaise. Mais le chemin est long, elle n'a fait que commencer à déconstruire la morale imposée par la gauche de la gauche, sans vraiment avoir le temps de reconstruire sa propre morale, même si on aperçoit les grandes lignes: ordre juste, implication directe du peuple, écologie etc. Il lui a manqué le deuxième pied : celui du possible, son problème a été tout le long de la campagne celui de la compétence (perçue par les électeurs) pour faire croire à un projet possible. D'autant plus grave que la gauche par avec un a priori de moindre capacité à faire.

La campagne à été bien symptomatique. Le TSS, n'est finalement que l'excommunication de Sarkozy par cette gauche de la gauche qui n'accepte pas qu'on ne prennent pas en compte ses préceptes moraux, qui n'accepte pas que la droite ose ne pas avoir honte d'elle-même. Une candidate du PS prise en étau entre son manque de possible et ses grands prêtres de l'orthodoxie morale.

L'avenir du PS, consistera à faire deux choses: Reprendre la maitrise de sa propre morale, oser proposer une société, un projet et affirmer qu'il est plus moral que celui de l'extrême droite, refuser le « magistère moral » de l'extrême gauche (pour reprendre les termes de Fillon). Ensuite ou en même temps elle devra retrouver le possible, il va lui falloir trouver des responsables un candidat capable de montrer de la compétence pour que le projet soit crédible.

Car la prochaine fois, il y aura deux projets gauche et droite, mais la droite à nouveau refusera d'admettre que son projet est plus immoral. Nous aurons deux projets aussi moraux l'un que l'autre, certes défendant des valeurs différentes. La gauche ne pourra se permettre une carence de crédibilité.

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