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Elucubrations publiques

Elucubrations publiques
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13 juin 2007

Si la TVA sociale peut-être juste!

Prenons le principe de la mesure, et non pas les procès d'intentions; il s'agit de diminuer les charges sociales patronales et en contrepartie augmenter la TVA pour financer la protection sociale.

L'objectif est de diminuer de taxation du travail et donc son coût pour encourager l'embauche. Elle permet aussi de remettre une égalité entre les produits d'importation et les produits nationaux permettant ainsi de décourager les délocalisations. Cela permet aussi d'encourager les entreprises qui embauchent et de rendre moins intéressant les automatisations au dépend de l'embauche.

On entend, à gauche que la TVA est un impôt injuste car proportionnel, et qu'il pèsera en priorité sur les ménages les plus pauvres. On le compare à l'impôt sur le revenu qui lui serait juste car progressif. Je ne discuterais pas de la notion d'impôt juste qui mérite un débat en soit.

Néanmoins, ce raisonnement est fallacieux, car il s'agit de diminuer les charges sociales pour augmenter la TVA. Il faut donc comparer la « justesse » de ses deux impôts.

La TVA est proportionnelle à la consommation, il n'est pas aberrant de considérer que sa consommation varie en rapport avec ses revenus, un riche payera naturellement plus de TVA qu'un pauvre, de façon proportionnelle, a noté donc qu'elle touche également les revenus du capital.

Les charges patronales et sociales sont elles aussi essentiellement proportionnelles. Il existe sur certaines charges, des tranches et des plafonnements. Les tranches rendent les charges progressives, les plafonds les rendent dégressives. En comparaison avec la TVA, les charges sociales non absolument rien de juste.

Il y a certes des subtilités diverses, que ce soit dans les charges sociales avec des exonérations de charges patronales existantes sur les bas salaires, ou sur la TVA avec des choses plus complexes comme les loyers non soumis à la TVA (cela ne change rien, le propriétaire utilisant le loyer pour acheter des produits taxés).

Il est donc bien un faux procès, de faire croire que la TVA sociale introduit de l'injustice sociale par rapport à l'existant, et le croirait-on, qu'on devrait arguer que baisser la TVA en augmentant les charges sociales serait une formidable avancée. Étrangement, personne ne semble faire une telle proposition.

De plus si on a un soucis d'aider les gens les moins aisés, il est tout à fait possible de faire une TVA sociale variable. Faible sur les produits de première nécessité, forte sur les produits de luxe. On introduit donc une forme de progressivité de l'impôt le faisant peser plus sur les revenus les plus élevés.

Néanmoins la mesure, comme toujours n'est jamais une formule magique et elle contient des risques, le premier d'entre-eux est la hausse des prix.

Si on baisse les charges patronales, et on augmente la TVA, le coût TTC augmenterait mécaniquement, mais en même temps les charges des entreprises baisseraient fortement. En supposant la concurrence forte, les entreprises pourrait donc mécaniquement baisser le prix de leur produits, en absorbant donc l'augmentation des prix dus à la TVA. En théorie, plus l'entreprise produit en France avec des salariés français plus elle sera capable de baisser ses prix. Certaines entreprises pourront même baisser leur prix en dessous du prix initial malgré la hausse de la TVA, le consommateur y gagnerait. En contrepartie, les entreprises qui importent ou dont la production s'appuie plus sur des gros investissement que sur de la main d'oeuvre serait désavantagées et auront plus de mal à maintenir les prix et dans ce cas là on risque une hausse des prix. Les grandes gagnantes seront les entreprises exportatrices, mais aussi les entreprises confrontés à des concurrents étrangers.

Il faudra donc voir les produits susceptibles de monter, ceux susceptibles de descendre et en vérifier qu'on ne se retrouve pas avec un biais ou les produits de première nécessité augmentent plus que les autres.

L'autre risque, est que les entreprises profitent de l'effet d'aubaine pour augmenter leurs prix et augmenter leur marges, ce qui risque de conduire à une forme d'inflation. (rappelons qu'une entreprise qui augmente sa marge, n'est pas forcément un capitaliste verreux qui veut remplir ces poches, elle peut aussi augmenter des salaires ou recruter).

L'histoire de l'euro peut nous rendre inquiet face à une annonce disant « les prix n'augmenterons pas ». Mais la situation est différente. Il y a des produits dont les prix sont déterminés par la psychologie plus que par le coût réel. Le café du coin, le verre dans un bar etc. Tout le monde sait qu'acheter la bouteille chez soi est nettement moins cher, la limite est psychologique. Avec le passage à l'euro le prix nominal à changé perturbant nos repères. Ici comme nous avons l'habitude d'un prix TTC, le prix psychologique avant et après la TVA est le même, l'entreprise aura donc une forte pression à maintenir ses prix inchangés TTC.

Il faut sortir du débat stérile, d'impôts juste ou injuste qui n'a pas lieu d'être, la vraie question est de savoir si la mesure peut-être efficace, si elle permet d'avoir une réponse face à la mondialisation. N'oublions pas qu'aujourd'hui le travail, le capital peuvent être rapidement délocalisables et le moins délocalisable reste encore la consommation, la TVA peut-être une voie pour lutter contre le dumping social venant de l'étranger.

Lors de la présidentielle, la gauche aussi disait qu'il fallait arrêter de taxer le travail et donc de le décourager. Son rôle maintenant, n'est pas de critiquer bêtement tout nouvelle mesure, mais bien de la critiquer intelligemment, d'exiger des taux variables de TVA au profit de plus démunis, de demander le maximum de garantie contre la hausse des prix.

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12 juin 2007

Justice sociale

« Justice sociale », une expression qui revient à tout bout de champ dans les discours politiques, surtout ceux de gauche. Une de ces expressions qui comme « libéralisme » ou « ultra-libéralisme » a perdu son sens, elle est utilisé un peu partout sans qu'on prenne le temps de s'y attarder. Pourtant s'y attarder sera nécessaire, et encore plus pour un parti socialiste en quête de renouveau.

Qu'est-ce-que la justice sociale? Et par opposition l'injustice sociale? Il s'agit de l'accès « juste » pour chacun aux différentes richesses: financière certes, mais aussi l'éducation, la culture, la santé voire même la sécurité.

La vraie question se situe plutôt au niveau du mot « juste ». Va-t-il de soit que la notion de « juste » ou de « justice » n'est pas universelle? Qu'il y a lieu de sentiment personnel, de choix individuels ou de société, qu'il y a donc lieu de débat? Peut-être pas, tant le débat semble complètement inexistant, qu'on affirme que telle mesure va de le sens ou non de plus de justice sociale.

Et pourtant, normalement les clivages gauche-droite se situent bien dans cette question là de justice sociale, non pas que certains seraient pour l'injustice sociale et d'autre pour la justice sociale, mais que cette notion est variable suivant les cas.

Essayons d'analyser les différents points de vue qui existent en la matière.

  1. La justice sociale est que chaque individu est de quoi vivre et se loger dignement, simplement car il est humain.

  2. La justice sociale c'est l'égalité, tout le monde doit avoir le même salaire, le même accès aux soins.

  3. La justice sociale, c'est de récolter les fruits de son travail, seul le travail mérite salaire.

  4. La justice sociale c'est la méritocratie, c'est d'avoir un salaire en fonction de ses compétences.

  5. La justice sociale c'est d'avoir une part de richesse en fonction des richesses qu'on créé dans la société que ce soit par le travail, une prise de risque, un investissement, une idée originale

  6. La justice sociale c'est aussi de bénéficier du travail dur de ses parents, de ses ancêtres.

  7. La justice sociale c'est quand les plus pauvres peuvent vivre dignement, s'ils y mettent de la bonne volonté, quelque soit les richesses des autres.

Toutes ses propositions ne sont pas forcément compatibles entre elles, et chacun voudra mettre une dose plus importante de chaque proposition. Cela donnera un objectif politique, à partir cet objectif, on pourra déterminer les moyens pour y arriver.

Il doit être normal de pouvoir se poser la question de la justice sociale sans idée préconçue, et sans tabou. Prenons quelques cas particuliers.

L'impôt sur le revenu est déclaré « juste » parce que progressif. Il est juste parce qu'il réduit la rapport entre les plus pauvres et les plus riches. Cela sous-entend que les différences de revenus sont à la base injustes, et que l'impôt sur les revenus tend à plus de justice. Il serait intéressant de se poser la question suivante: Dans un monde « juste » quelle est la différence de salaire entre un cadre et un ouvrier, entre un chef d'entreprise et un ingénieur, entre un chanteur et un boulanger, entre un Zidane et un ministre. Question bien complexe, on peut comme une extrême gauche penser que il ne doit pas y avoir de différence et que tout le monde doit avoir le même revenu. Auquel cas l'impôt sur le revenu ne sera juste que s'il est total.

On peut aussi imaginer qu'il y ait des différences normales justes reflétant des différences de mérite. Dans ce cas, il y a un seuil où la justice sociale n'est plus d'augmenter la portée de l'impôt sur le revenu. On peut aussi considérer que la répartition des richesses n'est pas plus juste avant ou après l'impôt, mais que la répartition est nécessaire à la cohésion sociale à l'unité du pays, il s'agit de fraternité et non de justice. On peut enfin considérer que l'impôt sur le revenu est fondamentalement injuste car 50% de la population ne le paye pas, et qu'il confisque au delà du raisonnable de l'argent gagné et mérité honnêtement.

Le RMI est un autre exemple du genre, ou différent points de vue peuvent s'opposer, certains estimant que c'est de la simple justice sociale, d'autres trouvant que c'est plus de la solidarité que de la justice, d'autres encore (et souvent parmi les plus modestes) y voient une forme d'injustice que de voir certains obtenir de l'argent sans travailler.

C'est un exemple qui est là pour montrer que la notion de justice sociale est bien une question d'idéologie politique et qu'il s'agit bien là d'en débattre. Il faut être capable de définir sa propre notion de justice sociale. Et ensuite y trouver les politiques qui permette effectivement de s'en approcher.

La gauche française à fini par confondre objectifs et moyens, a décrété que certaines politiques étaient intrinsèquement des politiques de justice sociale sans s'occuper du résultat. Un peu comme si après avoir découvert qu'une recette de gâteau manquait de sucre, on se contentait d'ajouter toujours plus de sucre sans plus jamais gouter le gâteau, et sans se rendre compte qu'il est devenu trop sucré.

Symptomatiquement, la carte scolaire est affirmé comme l'outil de mixité sociale dans les écoles. Que le résultat ne soit pas au rendez-vous ne semble perturber personne. Ce n'est que quand certains parlent de la supprimer qu'on commence à admettre en reculant qu'elle n'est pas parfaite et qu'il faut la retravailler.

L'augmentation du smic est aussi quelque chose de forcément positif, en oubliant qu'elle peut aussi créer du chômage ou des délocalisations.

La création de logement sociaux est vu comme un facteur de mixité sociale même quand le taux de logement sociaux est de plus de 70%.

Les 35h est un exemple flagrant aussi, partant du constat que passer à 40 puis 39h furent des avancées sociales, il devenu une sorte d'idée simple que baisser la durée du temps de travail allait forcément dans le sens de plus de justice sociale et on entend d'ailleurs des voix réclamer les 32h.

Cette absence de réflexion de fond, conduit le parti socialiste à ne proposer que plus de ce qu'il a fait avant, donc plus de logement sociaux, smic plus élevé, plus d'aide sociale, généralisation des 35h etc.

C'est en acceptant d'avoir un débat idéologique sur la notion même de justice sociale, en remettant les choses dans l'ordre, en arrêtant de croire que tout les électeurs de la droite ont soit été escroqués, soit choisi un programme d'injustice sociale, que la gauche pourra revenir avec un vrai projet de société nouveau à proposer au peuple.

12 juin 2007

la morale et le possible

La morale et le possible.

Depuis 20 ans, notre paysage politique est défini par un clivage artificiel sur la morale et le possible.

On vit comme si l'extrême gauche représentait la morale et le bien alors que l'extrême droite représenterait le mal absolu. Et de fait ce sont les extrêmes qui ont défini les règles de la morale officielle, que ce soit positivement ou négativement. Tout ce qu'avance Lepen est forcément le mal absolu et ne mérite même pas débat, et de l'autre coté la l'extrême-gauche décrète telle mesure juste ou injuste, morale ou immorale, donne des bons ou des mauvais points aux hommes politiques.

En parallèle de cette gradation entre bien et mal allant de gauche à droite, se trouve une gradation du possible à l'impossible allant de droite à gauche. Le Front National représentant le mal absolu possible (Hitler l'a bien montré), alors que la LCR ou LO représentent le bien absolu mais impossible (Staline l'a bien montré).

Entre les deux nous trouvions les partis de gouvernements prônant des choses plus ou moins morales et plus ou moins possible. La tendance naturelle du PS était donc de s'excuser de ne pas pouvoir Mitterand: « on a tout essayer » (pour le chômage), Rocard « la France ne peut accueillir toute la misère du monde », Jospin « l'état ne peut pas tout », à force de ne plus pouvoir elle finissait par ne plus vouloir. La droite, elle tendait à avoir honte d'elle-même, de ne pas être à gauche, Chirac « la fracture sociale » et à force d'avoir honte d'elle-même de ne plus vouloir être ce qu'elle était, elle a fini par ne plus pouvoir non plus, car reculant face à la rue qui lui renvoyait son immoralité supposée à la figure.

Tout cela nous a amené au 21 avril 2002, ou entre un gauche qui ne veut plus, et une droite qui ne peut plus les gens n'ont plus vu la différence, pour chercher des extrêmes qui veulent ou qui peuvent.

Cette ordre des choses à sclérosé la politique. Les extrêmes étant figés, aucune réflexion sur la société n'était possible. Toute idée nouvelle était irrémédiablement jugé par l'extrême gauche, à laquelle on se contentait de renvoyer le possible, le pragmatisme.

Mais les choses ont changé à droite surtout, qui décomplexée, a retrouvé sa capacité à faire. On pourrait alors croire que la gauche n'a qu'a faire exactement la même chose et retrouver la volonté de faire en se repliant à gauche. Ce serait, négliger un autre phénomène. Une droite décomplexée n'est pas une droite qui se dit « on est des méchants et on l'assume », c'est une droite qu'elle aussi peut affirmer ce qui est juste ou injuste. La droite à refusé que les extrêmes décident de ce qui est moral ou de ce qui ne l'est pas. Elle a même osé dire qu'elle proposait une société plus morale que la gauche.

Prenons un exemple, quand la droite veut diminuer les revenus de l'assistanat, elle peut le faire parce qu'elle pense qu'il faut le faire, mais en s'excusant du recul social, ou dire qu'au contraire, l'assistanat est aliénant, que la justice sociale c'est que celui qui travaille gagne plus que celui qui ne travaille pas.

Où se trouve la gauche? Quelque part en chemin. Quand Ségolène Royale parlait des effets pervers des 35h, de la nécessité d'ordre et de répression de la délinquance, elle faisait le début du chemin pour casser l'ordre moral établi et défini par les extrêmes. Elle prend en main le droit de redéfinir la morale telle qu'elle l'entend. Elle l'a continué d'ailleurs pendant la campagne avec l'épisode des drapeaux et de la marseillaise. Mais le chemin est long, elle n'a fait que commencer à déconstruire la morale imposée par la gauche de la gauche, sans vraiment avoir le temps de reconstruire sa propre morale, même si on aperçoit les grandes lignes: ordre juste, implication directe du peuple, écologie etc. Il lui a manqué le deuxième pied : celui du possible, son problème a été tout le long de la campagne celui de la compétence (perçue par les électeurs) pour faire croire à un projet possible. D'autant plus grave que la gauche par avec un a priori de moindre capacité à faire.

La campagne à été bien symptomatique. Le TSS, n'est finalement que l'excommunication de Sarkozy par cette gauche de la gauche qui n'accepte pas qu'on ne prennent pas en compte ses préceptes moraux, qui n'accepte pas que la droite ose ne pas avoir honte d'elle-même. Une candidate du PS prise en étau entre son manque de possible et ses grands prêtres de l'orthodoxie morale.

L'avenir du PS, consistera à faire deux choses: Reprendre la maitrise de sa propre morale, oser proposer une société, un projet et affirmer qu'il est plus moral que celui de l'extrême droite, refuser le « magistère moral » de l'extrême gauche (pour reprendre les termes de Fillon). Ensuite ou en même temps elle devra retrouver le possible, il va lui falloir trouver des responsables un candidat capable de montrer de la compétence pour que le projet soit crédible.

Car la prochaine fois, il y aura deux projets gauche et droite, mais la droite à nouveau refusera d'admettre que son projet est plus immoral. Nous aurons deux projets aussi moraux l'un que l'autre, certes défendant des valeurs différentes. La gauche ne pourra se permettre une carence de crédibilité.

20 mai 2007

Repentance

En lisant la presse, en écoutant les média, je constate peu d'enthousiasme pour l'anti-repentance que défend notre nouveau président, et au contraire des condamnations l'assimilant à une réécriture de l'histoire. J'entend des confusions parfois, en trouvant un contradiction entre la commémoration de l'abolition de l'esclavage et l'anti-repentance de la part de Nicolas Sarkozy.

Sur ce dernier point, il semble évident que commémorer l'abolition de l'esclavage, c'est commémorer un événement hautement positif de notre histoire et non pas une repentance sur l'esclavage.

Pourquoi, la repentance est dangereuse voire haïssable? Un peu de ressenti personnel;

Je ne suis ni un « français de souche » ni un juif, ni un arabe, ni un noir, mais juste un mélange, sans communauté à laquelle me raccrocher, je ne suis donc « que » français. Quand j'entends repentance de la France j'entends repentance des français, donc une repentance qu'on me demande à moi, personnellement. Pourtant, je n'ai jamais eu d'esclave, je n'ai déporté aucun juif, je n'ai colonisé personne. Quant à mes ancêtres que je ne connais pas, ils étaient sûrement bien trop modestes pour cela. Et n'étant ni juif, ni arabe, ni noir, ni descendant d'esclave ou de colonisé je ne peux me réfugier dans l'idée qu'étant victime je ne suis donc pas coupable.

Car, de fait, une grande partie des défenseurs de la repentance ne la réclame que pour les autres, car enfants d'esclaves, d'ex-colonisés, de juifs ils sont les victimes. Et c'est normal, quel juif français pourrait se repentir des crimes de Vichy? Comment imaginer leur demander cela? Pour les antillais la chose est encore plus complexe, ils sont souvent métis d'ancêtres esclavagistes et esclaves, voire même de violeurs esclavagistes, doivent-ils se repentir? Ils me semblent plutôt opter pour le statut de victime, et c'est bien naturel. Que penser d'ailleurs, des noirs africains, qui se réclament victimes de la traite des noirs, alors (à moins de venir du Liberia) il ne sont pas descendants des victimes, mais pourraient très bien l'être des coupables, la participation des noirs dans la traite des noirs étant clairement avérée.

On voit bien là que se pose un problème, cette question revient non plus à une repentance d'un peuple, mais à une séparation du peuple entre des victimes et des coupables. Et si le poids de la culpabilité vous pèse il ne vous reste plus qu'à trouver un crime innommable dont vous avez (par héritage) été victime. A défaut, il vous reste d'autres solutions, vous êtes communiste, vous n'allez pas vous repentir de Vichy, vous êtes socialiste? Vous vous en dispenserez tout autant. Vous n'en demanderez pas moins à la droite de le faire, qui elle vous demandera de vous repentir des goulags russes, ou tout du moins du soutiens du PCF à Moscou lors du printemps de Prague.

Revenons à mon cas, moi le sans origine, pas de refuge pour moi dans une victimisation salvatrice. Et pourtant, je me refuse à être coupable! Et pourtant je me sens français et j'en suis fier, et je veux revendiquer l'histoire de la France, celle qui est belle, celle qui me plait. Et là on pourrait me reprocher de faire le tri, de prendre l'héritage sans en assumer les dettes. Mais comment pourrait-on en accepter les dettes? Si je dois prendre la responsabilité de la colonisation et surtout des massacres qui ont eu lieu pour être fier de la grandeur de la France, si je dois prendre la responsabilité des guillotinés pour être fier des apports de la révolution française, autant le dire je refuse tout en bloc, ce n'est plus moi, je ne suis plus français. Quand le crime est absolu, comment peut-on le contrebalancer par des faits positifs? Alors oui je revendique de ne prendre que les parties positives de l'histoire de France, de choisir les évènements dont je me sens l'héritier et de refuser les autres. De la même façon qu'on peut être fier des grands auteurs de la littérature française et ignorer royalement les auteurs minables, probablement majoritaires, pourtant tout aussi français.

Qu'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas de réécrire l'histoire, de supplanter les historiens, mais de ne s'approprier que celle dont on est fier. Les commémorations ne sont pas les livres d'histoire, ce sont des liens à travers le temps. On commémore depuis des millénaires les victoires militaires sans une pensée pour les morts d'en face. Le principe de la commémoration est par essence, de ressortir les évènements consensuels de l'histoire, qu'ils soient tristes ou glorieux mais qui unissent le peuple. On fête la révolution française sans se repentir de la guillotine, ni demander repentance aux nobles d'aujourd'hui.

N'oublions pas, qu'en ces temps de grandes migrations et de diversité, être français est un acte d'adhésion intellectuelle, et pas un simple héritage par le sang. Quand à l'école on nous enseigne « nos ancêtres les gaulois » c'est important, et surtout pour ceux qui n'en n'ont pas d'ancêtres gaulois. Enseigner à un étranger ou à un fils d'étranger cela, c'est lui dire, que ses ancêtres sont désormais les gaulois, qu'il a été adopté par la nation, qu'il est désormais Français à part entière et pas de première ou deuxième génération. Pour qu'il puisse accepter cet héritage entièrement, ne le plombons pas de crimes contre l'humanité ou de massacres, nous ne récolterons que le communautarisme par repli victimaire ou refus de la culpabilité. On se retrouvera dans une concurrence des souffrances, et on ira chercher aux tréfonds de l'histoire d'autres crimes que l'on jugera sur les critères d'aujourd'hui. Créant ainsi des haines qui n'existaient peut-être même pas à l'époque.

En conclusion, il me paraît intéressant et peu surprenant que ce soit Nicolas Sarkozy, français d'origine hongroise, qui s'oppose aussi farouchement à la repentance. Il a adopté la France, il veut en être fier, mais au nom de quoi devrait-il s'excuser de crimes qu'il n'a pas commis, que ses ancêtres qui n'étaient pas français n'ont pas pu commettre.

Alors, une dernière fois, gardons le devoir de mémoire car il est des évènements qu'il est important de ne pas oublier, mais associons au devoir de mémoire celui de l'oubli, l'oubli des rancoeurs des haines des culpabilités. Oublions les dettes morales, et les revanches. Ne confondons pas l'Histoire de France celle des historiens, et l'histoire de la France, ce conte, cette épopée d'un pays, d'un peuple de ses idées de ses valeurs, qui fait que nous sommes fier d'être français.

13 mai 2007

Le défit de 2012

Que doit faire le PS pour pouvoir gagner en 2012 ? La première chose à faire est de ne pas sous-estimer son adversaire. La tentation sera grande de croire encore une fois à l’alternance automatique gauche-droite, après tout Sarkozy ne pourra jouer la carte de la rupture avec lui-même. L’autre tentation confortable est de croire tous les fantasmes de la gauche sur Sarkozy et de penser que celui-ci tombera le masque deviendra ce fasciste si craint et que le peuple verra le diable qu’il est en réalité, portant la gauche au pouvoir, tout en se flagellant d’avoir un jour pu élire Sarkozy. Non ! La gauche doit se préparer à ce que Sarkozy soit un bon, pire même un très bon président. Dans cette situation, la diabolisation ne pourra plus fonctionner, il faudra proposer un projet crédible et cohérent.

Imaginons, nous sommes en 2012, Sarkozy a révolutionné la présidence, avec une présidence active qui parle au peuple, qui explique les enjeux, qui s’implique dans les décisions. Bref, une manière moderne de faire la politique. Son bilan est globalement positif, certes tout n’est pas accompli, tout n’est pas réussi, mais par son agitation il aura convaincu qu’il a fait tout ce qui est possible et que là où il n’a pas abouti personne n’aurait mieux fait. Autour de lui, une jeune garde fidèle qui a pris d’expérience, de jeunes ministres, des femmes, des « minorités visibles » ayant eu de vraies responsabilités politiques majeures.

En face, un PS qui n’a pas gouverné depuis dix ans. Il présentera en face soit des anciens ministres de plus de 60 ans, soit une jeune garde sans réelle expérience. En 2012, Rachida Dati aura 47 ans, Elisabeth Guigou en aura 66 ans. On voit dès lors que le combat est loin d’être gagné. Et la bataille de l’âge sera importante pour incarner le renouveau.

Il apparaît clairement que les arguments de campagne de 2007 sont à oublier. Outre la diabolisation, la campagne du PS ne pourra pas se contenter encore une fois de juste défaire ce que la droite a fait, il est inimaginable de faire campagne en proposant revenir 10 ans en arrière.

Il faudra alors une grande force de conviction pour inciter les Français à changer. Il faudra un programme précis réaliste sérieux pour pouvoir gagner. Il faudra un candidat jeune et une jeune garde renouvelée mais aguerrie pour pouvoir gagner. Il faudra un projet de société nouveau et ambitieux.  Evidemment, tout ne peut se faire indépendamment des résultats obtenus par le gouvernement en place. Plus celui-ci sera bon, plus le programme devra ressembler à « la même chose, mais en mieux », plus celui-ci sera un échec, plus il faudra s’en distinguer.

Un grand défit que voilà, par quelle méthode le relever ? Il paraît évident que la méthode Hollande du consensus mou fut un échec. Une motion n’est pas un programme, une synthèse de motions encore moins. Le discours « le candidat c’est le projet » est une vaste blague surtout quand le projet est absurde. Pour se mettre en ordre de bataille, le PS devra commencer par se trouver un général, un général de combat, qui tranche qui décide, qui fixe la ligne. Il faudra que l’ensemble du parti se range de façon disciplinée derrière son général.

Il faudra que le parti soit capable de se réformer idéologiquement et en profondeur, garder ses valeurs sur les objectifs à atteindre, mais oublier les tabous les idéologies sur les moyens pour y parvenir.

Alors qui ? Comment ? L’avenir nous le dira. Je pourrais imaginer un DSK prenant le parti, lançant la réformation en profondeur, lançant des plus jeunes… et couvant son futur présidentiable… je ne crois pas qu’un DSK puisse être en 2012 battre un Sarkozy avec un bon bilan. L’élection de Sarkozy aura vite fait de ringardiser d’un coup d’un seul tout les présidentiables plus âgés. Je suis convaincu que la France va se normaliser et que le prochain président devra être encore plus jeune.

Et même avec la meilleure volonté du monde, il sera très difficile de battre un président sortant ayant réussi. Il faudra, en plus compter sur quelques erreurs, quelques ratés, quelques laissés pour compte de la part de Sarkozy pour que le PS puisse gagner. Mais attention, si le PS arrive aussi mal préparé en 2012 qu’en 2007, les erreurs et les ratés de Sarkozy risquent de ne pas suffire à faire gagner le PS, et même un plantage magistral de Sarkozy n’apporterait alors que la victoire de … Bayrou qui lui aura son parti en ordre de marche en véritable écurie présidentielle.

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8 mai 2007

A fasciste, fasciste et demi.

J’ai, comme beaucoup de français, été élevé dans un milieu de lutte contre le fascisme le nazisme et le racisme. Le poids de l’histoire certes lointaine, était là, et inconsciemment nous avons entériné cette mission : Le prochain Hitler, le prochain Pétain nous devrons le voir le trouver, le croire quand il annonce le pire, et surtout l’empêcher d’agir. Car nous vivons avec cette certitude, les peuples les ont suivis, et pour l’essentiel pas par la contrainte, et personne ne peut raisonnablement savoir ce qu’il aurait fait ou penser à cette époque.

Mais cette mission si elle veut rester juste et digne se doit de ne pas se tromper, de ne pas voir du racisme partout, un fasciste partout.

Comme beaucoup j’ai lu, des articles, des pamphlets, commentaires de gens angoissés, sincèrement ou par calcul, par Nicolas Sarkozy. Avec cette éducation, on ne peut pas ne pas se poser de question, ne pas la creuser. Je ne reviendrais pas dessus, mais j’ai lu les textes incriminés, j’ai écouté les discours qu’on accuse de tous les mots, et pourtant je n’ai rien vu. Rien qui fasse écho au fascisme au nazisme, certes il y a des choses que je n’approuve pas, mais c’est le jeu normal, certes il y a une logique électorale et certains entretiennent la peur par calcul. Mais si c’était vrai ?

On m’explique ensuite, qu’il ne faut pas lire les mots, mais lire entre les mots, à la lueur de telle ou telle idéologie ou telle ou telle analyse. Et là, je m’interroge, non pas sur le texte mais sur mon interlocuteur. Lui aussi à été élevée dans la crainte du fasciste et du raciste, il a peut-être même été élevé dans une certaine haine de la droite.

Et je m’inquiète maintenant, s’il était né, si j’étais né il y a 100 ans, si nous avions été élevé dans la peur du juif, ne serions-nous pas en train de chercher entre les lignes de telle ou telle personnalité juive les signes évidents de sa compromission et du danger quelle représente pour la nation ? Je vois tel article ou telle personne « décryptant » un discours de Sarkozy, et j’imagine brutalement cette même personne « décryptant » le discours d’un juif avec des arguments tout aussi invérifiables.

Alors l’argument se retourne, ceux qui accusent les électeurs de Sarkozy, n’aurait-ils pas eux, dans d’autres temps, d’autres conditions, d’autres éducations suivi ceux là même qu’ils condamnent ?

Alors modérons-nous, car si l’anti-fascisme, l’anti-racisme, l’anti-nazisme doit garder une vigilance, il ne doit surtout pas se compromettre dans l’accusation à tord. Avant de combattre le fasciste qui sommeil en l’autre, sachons repérer celui qui sommeil en soit.

5 mai 2007

De Jospin à Sarkozy ?

A la veille du deuxième tour, une partie de la gauche se prépare soit à s’entretuer soit à faire le bilan d’une campagne ratée et d’en tirer les leçons, alors qu’une autre continue courageusement d’y croire, il est intéressant d'analyser les causes de cette défaite annoncée. 

Dans l’hypothèse d’une victoire de Sarkozy, je souhaite simplement apporter le témoignage de quelqu’un qui a voté Jospin en 2002, qui a subit avec douleur son élimination au premier tour, et qui s’apprête à votre Sarkozy demain.

Je ne suis encarté nulle part, je me sens toujours d’une sensibilité de gauche ou de centre gauche, entre une social-démocratie, un social libéralisme ou même un centre droit, un modéré pragmatique qui regrette encore un Michel Rocard. J’aurais normalement du ou pu voter pour le PS cette fois-ci.  Je suis loin d’avoir une culture de partis, et un peu à la Bayrou je pense qu’il y a du bon dans chaque camp.

Je ne reviendrais pas sur les éléments qui font que Sarkozy m’a intéressé, ça volonté de faire, une sorte de courage politique. J’ai aussi suivi les primaires, bien que plutôt pro-DSK, je m’étais même inscrit sur le site de Ségolène pour participer aux débats participatifs. Et j’envisageais avec intérêt un ticket DSK-Ségo.

Mais voilà, après avoir lu le programme de l’UMP, j’ai cherché à voir la contre-proposition de gauche. En allant sur les sites des journaux de gauches, sur les blogs de gauches, à lire les commentaires des lecteurs de gauches on se retrouve submergé par ce discours de haine et de peur, de sarko-facho, de diabolisation. Evidemment, devant tant d’accusations, on se doit de se poser la question, serait-je passer à coté de tout cela, suis-je sur le point de voter pour Hitler ? J’ai creusé, je n’ai rien vu. Certes il y a le discours sur la pédophilie, mais j’en ai déjà parlé, je n’y vois rien de si horrible, quand on lit le texte. Alors on me dit qu’il ne faut pas lire littéralement qu’il faut le faire à la lueur des autres déclarations. Les autres ? Le ministère de l’immigration et de l’identité nationale ? Quoi de choquant ? Rien, sauf si on comprend « ministère de la déportation et de la purification ethnique » comme certains semblent le faire. Pourquoi y lire ça pour karshers et racailles, qui eux aussi dans leur contexte n’ont rien de choquant. Alors bien sûr, les énervements dans les coulisses de France 3, les livres « interdits » ça m’inquiète, mais cela reste de l’ordre des écoutes de l’élysée de Mittérand, pas de Hitler !

Alors voilà, j’ai voulu creuser au delà de l’anti-Sarkozisme, pour y retrouver des propositions réelles. J’ai regardé le débat, et je n’y ai rien trouvé, tout tourne autour de négociation des partenaires sociaux. Où est la sécurité sociale professionnelle ? Et pourtant une gauche qui retrouve le centre j’en ai rêvé depuis si longtemps. Que d’évolutions en si peu de temps, mais pourquoi oh pourquoi si tard ? Devrais-je voter Ségolène pour espérer poursuivre la mue de la gauche ? Au détriment de la France ? Non je ne peux pas.

Je cherche cette gauche qui m’avait plu, cette gauche imaginative, cette gauche qui ne ramène pas tout à la lutte des classes, cette gauche pragmatique qui propose des solutions, cette gauche de Rocard, Kouchner, DSK. Et je ne vois qu’une gauche haineuse, insultante, indigne à vomir dans sa diabolisation de l’autre. Une gauche messianique où l’incantation suffirait à tout résoudre. Cette gauche doit perdre ! En espérant que cette fois-ci elle profite de ses 5 ans pour se réformer réellement sans tentation de gauchisation, pour qu’enfin elle propose une vision nouvelle, pragmatique, et moderne.

Au premier tour, j’ai voté Bayrou pour laisser une chance à une alternative, au deuxième je voterais Sarkozy. Je tiens à dire à tous ceux qui ont manipulé ce discours de haine de Sarko-Facho, qu’ils ont perdu ma voix qui aurait pu revenir ou rester à gauche si j’avais pu y voir un contreprojet cohérent. Alors certains diront que le discours en a fait gagné d’autres.

26 avril 2007

Travailler plus Travailler moins?

Faut-il travailler plus ou faut-il travailler moins pour résorber le chômage ? Un clivage interessant à creuser sur le fond.

Il y a maintenant longtemps, on nous avait proposé les 35h. J’avais trouvé l’idée originale intéressante. A l’époque j’étais cadre dans l’informatique, c’était la bulle Internet tout était beau. Bon pour être honnête au début j’étais circonspect « on est déjà pas aux 39h, alors les 35... »

Mais bon avec les RTT ça « faisait sens » comme disent les anglais. Après tout, avec mon coté fourmis, j’avais de l’argent et pas trop de temps pour le dépenser.

Et tout ça c’est mis en place tranquillement, évidement avec un marché de l’emploi aussi tendu, impossible de faire un quelconque gel des salaires. Du temps, de l’argent que demande le peuple ? Le patronat est un peu plus réactionnaire que ce à quoi je m’attendais. Je me disais que nos gouvernants étaient des gens raisonnables et intelligents et que s’ils proposaient cela c’est que c’était raisonnable.

 

Et puis les choses on changé, l’éclatement de la bulle, puis le 11 septembre 2001. Certes une certaine modération des salaires s’annonçait, mais quel importance, je n’étais pas au SMIC, je n’allais pas faire la fine bouche. Et finalement, les élections présidentielles arrivaient, je me préparais tranquillement à votre pour Jospin, pas à l’aveugle, j’avais même acheté son livre, et je ressentait en lui une certaine honnêteté politique. La campagne ne m’a d’ailleurs pas fait changer d’avis, par contre j’ai découvert l’effet des 35h sur les hôpitaux, des ouvriers mécontents, ils voulaient les sous pas le temps libre. Pis il y eu le 21 avril, qui fut un choc, un désespoir, et le renoncement de Jospin alors que j’attendais la relance pour la revanche législative.

Et depuis 5ans de réflexion ? Pourquoi y a-t-il du chômage ? Quel est l’engrenage qui manque pour que les emplois se créent ? Les 35h ont-ils un coûts ? Qui le paye ?

Et des débuts de réponse, mes réponses.

Diminuer le temps de travail ça a évidemment un coût. Quand la croissance est forte, quand les gains de productivité sont important c’est partager le gâteau de la croissance sous forme de temps plutôt que sous forme d’argent. C’est un peu moins d’augmentation pour un peu plus de temps.

Quand la croissance est molle, qu’il n’y a pas vraiment de gâteau à se partager, c’est sacrifier des augmentations futures dérisoires pour du temps en plus, c’est baisser son pouvoir d’achat. Cela le partage-t-il ? Peut-être dans une certaine mesure. Mais il faudra peut-être un jour accepter que les 35h ont été en partie à l’oeuvre dans l’érosion du pouvoir d’achat (avec d’autres choses comme l’augmentation de l’immobilier)

Pourquoi y-a-t-il du chômage ? Si vous êtes paysan au moyen-âge, ce qu’il vous faut c’est un champs, c’est à dire du capital à investir. Notre système est-il en manque de capital ? Suffirait-il de jeter de l’argent et d’investir pour résorber le chômage ? Dans quoi ? Des Autoroutes ? Je n’y crois pas des capitaux il y en a beaucoup. Comment donc se créer les emplois ? Quelqu’un quelque part dans une entreprise lance un projet le vend, le fait grandir et un jour ce projet créera des emplois pour d’autres. Qui est ce quelqu’un ? Je n’ai pas la naïveté de croire que ce sont les chefs d’entreprises, en tout cas pas seulement eux. Les cadres ? Probablement en grande partie.  Mais qu’a-t-on fait avec les 35h ? on a mis les cadres en vacances ! Que devient le projet du cadre pendant ses RTT ? Il attend, il dort. Avant les cadres avaient un deal; vous êtes bien payés mais vous bossez sans compter. Maintenant ils comptent leurs RTT et en plus ils vont dépenser en Tunisie ou au Maroc.

J’ai une image simple voire simpliste. Prenez Johnny ou votre chanteur préféré. Il fait une tournée, tout les soirs il joue. Si vous dites que l’éclairagiste doit travailler moins, on doit pouvoir trouver un autre éclairagiste, mais si vous dites au chanteur de faire moins de concerts, ça ne va pas créer un nouvel emploi de chanteur, ça mettra juste toutes les autres personnes qui en dépendent au chômage. Le spectateur verra aussi son niveau de vie baisser vu qu’il devra acheter autre chose qui lui plait moins, et peut-être même un truc importé.

J’en arrive à une conviction suivante ; non le chômeur n’est pas responsable de son chômage, on ne peut demander à une secrétaire de créer son propre emploi. Par contre il existe des personnes qui sont le chemin critique de l’économie, si elles travaillent plus alors le chômage diminuera. Ces personnes là, ont la responsabilité collective de créer de l’emploi, ces personnes là doivent être payer en argent plus qu’en temps libre pour le bien de tous les autres. Qui sont ces personnes ? Pas une classe de dominants, pas juste des entrepreneurs ambitieux, mais plutôt des chercheurs, des ingénieurs, ou aussi des ouvriers dans des métiers où il y a pénurie, comme le bâtiment. Si les bâtiments mettent plus de temps à se construire, si les délais pour faire des travaux sont plus long par manque d’ouvriers, alors d’autres projets sont ralentis, la croissance est ralentie, l’embauche est ralentie.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui après avoir regardé Ségolène Royal avec curiosité et intérêt après avoir regretté que DSK ne soit pas candidat, je regarde avec un intérêt le programme de Sarkozy. Parce que pour moi « permettre de travailler plus pour gagner plus » ce n’est pas juste une concession au grand patronat. Non, c’est dire à ces français qui vont créer l’emploi des autres « on compte sur vous et on va vous payer ». Je ne crois pas à la promesse du libre choix des heures supplémentaire, mais je crois que ceux à qui on va le proposer sont ceux qui, aujourd’hui, par leur travail vont créer celui des autres.

Il y a des gens qui peuvent travailler 35h, mais il y en a d’autres, s’ils pouvaient bosser deux fois plus, même payés 3 ou 4 fois plus, la France y gagnerait. Même l’immigration choisie qui est une immigration de travail, bien choisie dans les bons secteurs, peut huiler l’économie et créer de l’emploi ailleurs dans d’autres métiers pour les Français. Aujourd’hui je suis fortement tenté par un vote Sarkozy, ou Bayrou, et en 2012 je reviendrais peut-être vers un vote pour un PS refondé sur une vraie social-démocratie, pour réparer les quelques excès du sieur Sarkozy.



26 avril 2007

Sarkozy eugéniste qu'a-t-il dit de si terrible?

Sarkozy eugéniste?

Que n'a-t-on pas entendu sur le sujet? Citons la phrase dans son contexte pour commencer. Il s'agit d'une discussion entre Michel Onfray et Nicolas Sarkozy pour philosophie magazine.

« M.O.: Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S.: Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs: certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense. »

Que reproche-t-on à Nicolas Sarkozy? Plusieurs choses potentiellement contradictoires. On y verrait un discours eugénique d'une part, d'un autre coté on lui reproche de déresponsabiliser les pédophiles. On lui reproche une vision déterministe sans espoir, fataliste. On lui reproche de favoriser outre mesure l'inné sur l'acquis.

Le reproche le plus modéré et peut-être le plus raisonnable est celui de se parler de science alors qu'il faudrait laisser se discours aux scientifiques. Soit mais ce même reproche pourrait être fait à Michel Onfray! C'est une discussion de philosophie, elle s'aventure sur un terrain scientifique.

Dans le contexte, il n'y a rien de répréhensible.

Décryptons plus en détail le discours, et surtout définition le mot « pédophile ». En lisant la phrase de Michel Onfray, il paraît évident que la définition ici est bien « quelqu'un attiré sexuellement par des enfants » et non pas d'un criminel sexuel d'un prédateur ou d'un violeur. Nous parlons bien ici d'attirance sexuelle comme certains sont attirés par des femmes et d'autres par des hommes. Pourtant n'avons-nous pas tous entendu un jour un homosexuel affirmer qu'il était né ainsi qu'il a toujours été homosexuel? Qu'on soit d'accord ou pas, qu'on pense que l'acquis primordial sur l'orientation sexuelle des gens ou pas, ce genre d'affirmation n'a jamais valu que je sache, une telle levée de bouclier. D'ailleurs si une grande majorité d'hommes est attirée par des femmes alors qu'une grande majorité de femmes est attirée par les hommes, ce ne serait que du à l'environnement culturel, et aucun élément génétique ne nous pousserait à être attirés par le sexe opposé?

Comment arrive-t-on de là à l'eugénisme? Cela suppose qu'on imagine que tous les pédophiles passeront à l'acte? Ne peut-on pas croire à la nature humaine, au respect des autres qui malgré des pulsions un homme pourrait ne pas violer d'enfant? Qu'elle vision triste. Et devant un crime aussi affreux qu'il soit ne peut-on imaginer d'autre solution que l'eugénisme? Je n'ose croire que si un jour la science trouve le gêne de la pédophilie tous ces gens a priori humanistes vont s'écrier « ah si c'est vrai alors il faut recourir à l'eugénisme ». J'espère que ce n'est réellement qu'une réaction politicienne, ou au pire une telle diabolisation de Nicolas Sarkozy dans leurs esprits qu'ils ne peuvent lui prêter que les pires intentions.

Reproche suivant, celui d'excuser les pédophiles de les dépénaliser car ils sont malades. J'entends Ségolène Royal affirmer que les pédophiles sont conscients de leurs actes, sous-entendu « contrairement à Sarkozy ». Qu'elle inversion de discours gauche droite! On reprocherait à Sarkozy de vouloir trouver des excuses à des criminels? C'est plutôt un discours de gauche que de dire qu'ils faut soigner les criminels sexuels, discours qui n'a rien de scandaleux et qui est plutôt à l'honneur de la gauche.

Nicolas Sarkozy a depuis repréciser son discours et indique bien qu'il considère les violeurs d'enfants comme des malades ET des criminels. D'ailleurs si on reprend la définition de pédophile, on peut bien comprendre qu'un homme attiré par des enfants de 3 ans est un malade, un homme qui viole un enfant de 3 ans est un criminel. Un homme qui viole un enfant par ce qu'il a une pulsion, est un malade et un criminel. Un homme qui est attiré par une très belle femme est a priori normal, s'il la viole c'est un criminel. Le fait d'être attiré par une femme n'a jamais été une excuse pour la violer, je ne vois pas pourquoi ça le deviendrait quand il s'agit d'un viol d'enfant.

Il y a une catégorie de personnes également qui rejettent l'idée au non de la morale, que cette notion serait trop horrible. « Je voudrais dire à quel point nous avons été choqués, bouleversés même, heurtés par les déclarations du candidat de l'UMP qui estime que la pédophilie est génétique. » dit Ségolène Royale. Alors maintenant à mon tour de m'insurger, et de m'inquiéter, quand les valeurs morales dictent la science nous sommes en danger. C'est bien parce que certains ont été heurtés par l'idée que la terre puisse ne pas être le centre du monde que Gallilée a du se taire. Et pour compléter, en quoi le déterminisme social de Marc Onfray, qui nie en partie le libre arbitre serait plus moral.

Finalement je voudrais pousser la réflexion quelque peu plus loin. Comme Michel Onfray à mis l'homosexualité, l'hétérosexualité et la pédophilie sur le même plan dans sa phrase, la notion de « malade » peut évoquer des choses peu reluisantes pour certains. Il est vrai que certains milieux très conservateurs considèrent les homosexuels comme des malades qu'il faudrait soigner. J'ai conscience que ce parallélisme peut heurter. J'ai tendance à croire qu'il y a une notion de maladie dépendante de la société, des maladies qui n'atteignent pas le malade en lui-même mais sa capacité à s'intégrer dans la société. On a appris avec le temps à changer la société et à accepter des différences comme n'étant pas des maladies. On arrête de faire des générations de gauchers contrariés. On a appris à changer la société plutôt que de vouloir changer les homosexuels. Mais pour la pédophilie la comparaison s'arrête là, nous ne sommes pas en mesure d'imaginer une pédophilie assouvie sans victimes, il faudra donc continuer à les considérer comme des malades et à en faire des pédophiles contrariés.

La question qui restera posée est la suivante, si une personne vient voir un jour un médecin en lui disant « docteur aidez-moi j'ai des pulsions quand je vois des enfants, aidez-moi à ne pas faire une bêtise », saura-t-on l'aider réellement, sans le juger, sans le traiter de monstre? C'est apparemment ce que souhaite Sarkozy, et au delà des caricatures c'est ce que souhaite surement toute la gauche.

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